Pour les deux musiciennes, la réunion de ces rythmes fondamentalement différents a représenté un défi particulier. Ils diffèrent par leur durée et sont tous deux joués traditionnellement d'une manière unique. Bo-Sung Kim a puisé sa compréhension rythmique dans la riche tradition des pratiques chamaniques en Corée. Laura Robles, quant à elle, a voulu créer une performance qui mette en avant les aspects émotionnels et sensoriels que les rythmes peuvent susciter, plutôt que de s'en tenir strictement à des modèles métriques ou à des cycles rythmiques.
Ce défi musical a permis une profonde confrontation entre deux femmes enracinées dans des traditions rythmiques de régions différentes. Grâce à une écoute active, un dialogue et une réflexion continue, les deux percussionnistes sont parvenues à développer un projet qui commence seulement à s'épanouir.
Entretien avec Laura Robles et Bo-Sung Kim
MB - Comment le concert a-t-il été conçu, quels rythmes ont été mis en avant ?
LR - "La première chose qui m'est venue à l'esprit est un rythme qui n'est plus en usage, il s'appelle '. lamento (lamentation). Mon professeur m'a dit qu'il était joué dans les plantations, mais il n'y a pas beaucoup d'enregistrements. Il s'agissait de rythmes similaires joués dans des décimas, et ils portaient en eux beaucoup de douleur. C'est pourquoi nous avons pensé qu'il était approprié de les jouer lors de la danse des lépreux.
Contrairement aux rythmes joués par Bo-Sung, ces rythmes étaient utilisés pour des chorégraphies. Sur la côte péruvienne, il n'y avait pas beaucoup d'influences chamaniques. J'ai alors joué un rythme appelé ' tondero qui imite les pas d'un cheval, quelque chose de très élégant. Une femme danse avec un cheval pendant qu'il galope.
MB - Peux-tu expliquer sur quels rythmes tu as travaillé pendant le concert ?
BSK - Tous ces rythmes sont profondément enracinés dans les traditions chamaniques. La musique traditionnelle coréenne est toutefois marquée par d'autres influences. Une influence importante est la musique royale, originaire de Chine et adaptée ensuite en Corée. Ce genre se caractérise par une atmosphère particulière qui se distingue des rythmes chamaniques.
L'autre forme, souvent qualifiée de musique populaire, englobe à la fois les influences rituelles et traditionnelles de la musique coréenne. Dans un premier temps, j'ai 'Son Budi'. un rythme que l'on joue en marchant. Ce rythme vient d'une île coréenne appelée Shindo et est joué pour signaler le début d'un rituel. Il donne aux gens le temps de terminer leur travail et de se rassembler pour le rituel, reconnaissant ainsi la communauté.
MB - Comment s'est déroulée la collaboration avec Laura, quels ont été les moments les plus importants de cette collaboration ?
La performance a été enregistrée le 23 septembre 2023 au Pantopia Festival vol. 5.